J’étais dans le bus en direction de Berlin pour assister à un des événements phares de la scène des startups locales : Startup Safary. C’était la 8ème édition, ce qui montre que ce modèle a su convaincre et fédérer. Aujourd’hui son objectif, comme pour beaucoup d’autres, est d’exporter son modèle dans les autres villes allemandes voire au-delà des frontières. Avant de m’y rendre je voulais en savoir plus sur son origine, son modèle et ses objectifs. J’ai donc interviewé Maciek Laskus, créateur et CEO de Startup Safary.
Comment définis-tu Startup Safary ?
Startup Safary est un événement conçu pour aider les gens à intégrer l’écosystème des startups sur le lieu où se déroule cet événement, par exemple ici à Berlin.
La meilleure définition serait sûrement de dire qu’il s’agit d’une « journée portes ouvertes » de cet écosystème. Tous les acteurs qui en font partie – les startups, les investisseurs, les accélérateurs ou les incubateurs, les espaces de coworking etc… – ouvrent leurs portes aux participants et préparent une présentation sur ce qu’ils font et qui ils sont.
Depuis quand existe-t-il et comment a-t-il été créé ?
La première édition a eu lieu en 2013 quand je suis est arrivé à Berlin et que j’avais du mal à intégrer cet écosystème des startups.
Comment se différencie-t-il des autres nombreux événements ?
La plupart des autres événements, comme les conférences ou les meetups, sont là essentiellement pour faire du réseautage. Startup Safary résout le principal problème : « il est difficile d’entrer dans ce sacré écosystème des startups ». De plus, cet événement a lieu partout dans la ville. Le public va chez les partenaires participants, visite leurs bureaux et échange avec eux. Enfin, les partenaires parlent d’eux même, de ce qu’ils font. Nous les encourageons à centrer leur présentation sur leur entreprise car c’est ce que nos participants veulent découvrir le plus.
C’est la 8ème édition : on peut donc dire que Startup Safary a su s’imposer à Berlin parmi tant d’autres événements. Quel est la principale clé de succès ?
Nous résolvons l’un des principaux problèmes que rencontrent nos participants et nous le résolvons bien.
Et quelles difficultés avez-vous rencontrées depuis son lancement ?
Le début était difficile car nous étions en train de créer un événement complètement nouveau.
Au départ, car le concept était inédit, nous avions du mal à expliquer aux gens ce que nous souhaitions créer. Mais une fois que nous étions arrivé à tout mettre en place, c’était un vrai succès. Plus de 1000 personnes ont participé à la première édition. Cependant nous avons découvert un nouveau défi : comment générer de l’argent avec tout cela ? Cela nous a pris encore beaucoup de temps pour le résoudre.
Quels sont vos objectifs pour l’avenir de Startup Safary ?
Nous sommes heureux de voir comment cet événement bénéficie aux communautés des villes où il se déroule, ici à Berlin ou ailleurs. Riches de notre expérience, nous souhaitons le développer dans d’autres villes à travers le monde et ainsi apporter ses bénéfices aux autres communautés.
Aujourd’hui Startup Safary essaie de s’exporter : quelles sont les autres villes où cet événement est organisé ?
Pour le moment Startup Safary est organisé dans 11 villes à travers le monde. Nous avons commencé à Berlin et aujourd’hui vous en trouverez un par exemple à Budapest, Athènes ou au Caire.
Où voudriez-vous voir naître les prochains Startup Safary ?
Dans toutes les villes avec des super écosystèmes des startups telle que Tel Aviv, Londres, Paris, Barcelone et d’autres.
Comment faire si on souhaite lancer son édition de Startup Safary dans sa ville ?
Il suffit de nous contacter. Nous avons une franchise, donc chacun est libre de lancer son Startup Safary dans sa ville avec notre appui.
Et comment était donc cette édition de Startup Safary ?
Berlin est une ville extraordinaire. Tout d’abord la fracture entre l’Est et l’Ouest n’a pas encore complètement été guérie. La capitale allemande reste en constant travaux et pourtant il y a encore tant d’espace inoccupés à faire rêver un entrepreneur. Cette dynamique est palpable. On sent dès notre arrivée qu’il y a des choses qui se passent et nous avons hâte de partir à leur découverte. Aucun doute ne subsiste concernant la raison de la naissance de Startup Safary quand on se rend compte comment cette ville est étendue et que les différentes initiatives et startups se cachent parfois derrière les façades encore décrépies ou à l’intérieur des anciens hangars. Il vous faut un guide !
Merci à Maciek Laskus pour cette interview.
Retour sur l’event :1er jour
Le premier matin, tout a commencé par un petit déjeuner organisé dans un café/espace coworking d’un des principaux partenaires de l’événement : Téléfonica Basecamp. Maciek, le CEO de Startup Safary, nous a expliqué qu’il a créé cet événement au départ pour lui, car il a eu du mal à réellement entrer dans l’écosystème des startups. Voyons donc comment moi je vais y arriver, ne parlant presque pas allemand !
Avec le café, les croissants et l’attente pour les présentations à venir, on s’est mis rapidement à discuter avec nos voisins. Il y avait des français, des anglais, des écossais et évidemment beaucoup d’allemands. Mais il y avait aussi un grand groupe des sud-coréens qui sont venus nous présenter leur centre d’innovation KIC Europe ainsi que leurs principales startups qui cherchent aujourd’hui à s’établir sur le marché européen. La matinée passa très vite et ce fut déjà le temps de se rendre au prochain rendez-vous.
De l’autre côté de la ville, au bout d’une cour se trouve une des startups qui par son développement rapide fait penser à un autre géant berlinois Zalando, qui participa au Startup Safary dans ses débuts. Cette fois-ci il s’agit de prêt-à-porter : Lesara. Son CEO nous a présenté leur business modèle, ainsi que l’impressionnante logistique derrière leurs site d’e-commerce de la mode, pour finir par leurs chiffres incroyables pour une si jeune startup. A mon avis ça manquait d’une vision du développement durable et responsable, mais à chacun son goût des affaires.
La première journée se terminait pour moi dans un impressionnant hub-espace de coworking, le plus grand que je n’ai jamais vu et pourtant extraordinairement cool : Mind Space. Après une série d’une quinzaine de pitch c’était le temps d’un apéro avec de la bonne bière allemande. Après ces quelques événements, on commençait à reconnaître des personnes que nous avons déjà vu à d’autres présentations. Les langues se déliaient facilement et on discutait du business, des idées farfelues et des plans pour la deuxième journée.
2ème jour
Bonne nouvelle, on a commencé par un petit déjeuner organisé par la nouvelle banque venue de Finland – Holvi. On parlait FinTech et surtout des nouvelles solutions pour les entrepreneurs et les startups, les évolutions du secteur bancaire à venir et les problèmes qui restent à résoudre. Les solutions proposées par Holvi ou Rietumu Banka vont sûrement faire leur chemin bientôt vers la France. Vivement !
Pas le temps pour la pause déjeuner, on a donc pris un petit bretzel jambon fromage à la gare de la S-Bahn et pour nous rendre au plus vite chez ElectroCouture. Cet atelier rassemble certains des designers de la mode les plus innovants. Berlin est la Mecque de la FashionTech. Ici, vous ne trouverez pas le conservatisme à la française ou à l’italienne, la mode est un terrain de jeux où on utilise les imprimantes 3D, le découpage laser, les LEDs et toutes sorte de matériaux innovants. La nouvelle recrue de l’atelier travaille même sur l’utilisation des algues et des champignons pour remplacer le cuire ou certains types de textiles. Inspirant !
Mais pas le temps pour s’attarder car à l’autre bout de la ville allait bientôt commencer la présentation de Companisto. Une des nombreuses plateformes de crowdfunding qui connait un grand succès auprès des investisseurs et des startups. Leurs locaux se situent au dernier étage d’une ancienne usine transformée en bureaux. Sous les combles avec des poutres apparentes une équipe d’une vingtaine de personnes travaillait derrière leur ordinateur et un groupe d’une trentaine de personnes essayait de trouver un siège de fortune afin de participer à la présentation. Chacun était venu avec un objectif particulier, il y avait ceux qui se lançaient et sont venus pour se renseigner sur les possibilités qu’offre une telle plateforme de crowdfunding, mais également des investisseurs potentiels, ainsi que ceux qui souhaitaient trouver un emploi chez Companisto ou des simples curieux comme moi.
La dernière présentation de la journée était chez BMP, un fond d’investissement en capital risque – ces fameux VCs. Grâce à cette présentation très complète et au témoignage d’un des entrepreneurs bénéficiaires des leurs fonds, j’ai pu découvrir quelques bonnes pratiques pour approcher un VC et préparer une levée de fonds. Pratique.
« j’ai pu découvrir quelques bonnes pratiques pour approcher un VC et préparer une levée de fond »
Après la présentation qui s’est terminé à la nuit tombée, je n’avais qu’une hâte c’était de retrouver mes amis qui vivent à Berlin et travaillent avec les startups pour un diner et un débriefe de cet événement qui venait s’achever pour moi.
En fait, j’avais une autre envie : lancer le Startup Safary à Paris. La première édition est prévue pour 16 -17 mars 2017. Vous êtes tous les bienvenu(e)s ! Et si vous voulez l’organiser dans votre ville n’hésitez pas.