Il devient, à mon sens et précisément à l’heure actuelle, inhumain qu’on subisse en plus du stress quotidien, de l’ennui !! Certains diront que ce n’est pas pertinent, qu’il y a des moments forcement ennuyeux et d’autres qui le sont moins ! Je suis d’accord ! Mais qu’en est-il de l’ennui sur le lieu du travail ?! N’est ce pas contre-productif ? Doit-on subir de l’ennui juste parce qu’on est payé? C’est pire encore lorsqu’on travaille dans un secteur où l’ennui risque d’être viral et créer de ce fait, un désintéressement total comme dans le cas de l’enseignement ! Forçant parfois les étudiants à tout faire sauf à suivre le cours, Oui … oui je te parle à toi ! Toi qui faisais des gribouillis un peu partout pendant que ton Prof se donnait à fond, ou pas !!
Comme pour tout incident, il est impératif de faire un constat ! ce qui est difficile à ce niveau c’est déjà de se rendre compte qu’il y a eu un incident. L’enseignant a des vérités concrètes sur le contenu de son cours, mais pas sur sa forme, il doit donc être conscient du taux d’immersion de ses étudiants dans l’atmosphère globale lors de ses séances. Pour ce, rien de plus simple que de communiquer simplement avec les étudiants et surtout de les écouter, même si au départ certains n’oseront pas dire que le cours est une « tuerie » dans le sens macabre du terme, il est du devoir de l’enseignant d’instaurer un dialogue basé sur la confiance et la liberté de s’exprimer sans user de son autorité.
Une fois le constat effectué, nous allons pouvoir agir sur les variables de l’ennui, c’est peu être pas l’enseignant qui est lourd, c’est peut être le contenu du cours ou encore sa forme de présentation. A ce niveau, l’impératif devient de créer ou améliorer les leviers d’immersion. Il s’agit là d’apporter des modifications non pas directement sur le contenu du cours mais de le rendre plus soluble par le « Fun Factor ». En effet, il est parfaitement possible de ludifier n’importe quel contenu, peu importe sa nature, sous la condition que la partie « Fun » ne prenne pas le dessus sur l’objectif principal qui est l’apprentissage. La solution concrète à ce niveau est de reprendre les supports du cours et de les restructurer de telle sorte à avoir pour chaque séance une activité « challenge » qui stimule l’attention des étudiants, en résumé, il faut ajouter des éléments ludiques aux cours en y intégrant des règles, c’est à dire l’objectif principal, les outils qu’on peut utiliser, qu’est ce qui est obligatoire, qu’est ce qui est interdit, les délais d’exécution, etc. Par exemple, avant la distribution des thèmes d’exposés ou autres recherches, on peut passer par la création des groupes de travail en choisissant les membres de chaque groupe aléatoirement par tirage au sort selon les critères de la FIFA (on attribue à chaque membre un pays au hasard) et on procède au tirage des chapeaux. On peut aussi imaginer des travaux faits dans le cadre de duels entre groupes, le même thème est proposé à deux groupes de travail, ils devront s’affronter lors de la présentation en usant de savoir, savoir faire, savoir être et c’est aux autres étudiants d’évaluer le meilleur travail.
Le flow selon le psychologue Mihály Csíkszentmihályi est l’état psychologique d’une personne totalement immergée dans l’accomplissement d’une tache, chose qu’on retrouve chez les passionnées. On le retrouve aussi dans les théories du Game Design comme étant l’effet que provoque un « jeu entrainant » selon Julian Alvarez.
Quand un individu vit l’expérience de flow, il est généralement impacté par des effets selon Jean Nakamura et Mihály Csíkszentmihályi :
1- L’intense focalisation sur l’instant présent
2- La perception du temps est altérée
3- La disparition de la distance entre celui qui vit le Flow et les objets utilisés.
4- La perte du sentiment de conscience de soi
5- La sensation de contrôle absolue provoquée par l’équilibre entre les objectifs et les capacités
6- L’activité est en soi une source de satisfaction.
Comment donc, provoquer ce Flow chez les apprenants ?! La réponse peut paraitre simple mais son exécution nécessite une modélisation préalable des activités et plusieurs tests. D’une manière concise, le « Flow » est provoqué lorsque le sujet se retrouve face à la réalisation d’un défi à sa portée sans qu’il soit facile à atteindre. Concrètement, il s’agit de le mettre devant une expérience où il doit se surpasser au point d’en faire une fierté. Dans ce cas l’enseignant doit revoir ses exercices, ils ne doivent être ni trop facile ni trop difficile, dans le doute, et selon le niveau des étudiants, il peut même créer plusieurs exercices avec des contraintes souples qu’il durcira progressivement. Dans un jargon de Game Design, on appellerai cela du Level Design.
Si vous voulez devenir un meilleur enseignant/Formateur sans passer par la tache parfois difficile de l’ingénierie pédagogique, je vous suggère quelques recommandations afin que vous ne fassiez jamais partie de la liste des profs « Hyper lourds » en passant par la tâche toute simple de l’ingénierie Humaine.
1- Lors de vos cours soyez vous-mêmes, n’utilisez jamais votre autorité que lorsque cela relève de l’urgence.
2- Le ridicule ne tue toujours pas! Pensez à l’atmosphère générale du cours, il est important que l’ambiance joviale y soit, au pire des cas, soyez au moins souriant.
3- Restructurez votre cours et ajoutez-y des activités individuelles et de groupes. Transformez chaque séance en un terrain dans lequel l’apprenant est dynamique et a la possibilité de démontrer tout son savoir faire et créativité.
4- Utilisez et incitez les étudiants à utiliser d’autres formes de communication et de présentation. L’utilisation d’une autre langue, en plus de la concurrence dans le contenu, des travaux, l’utilisation d’autres logiciels de présentation comme powtoon, prezi ou autre développera une concurrence de forme.
5- Faites participer tous vos étudiants aux activités de votre cours. Une des règles fondamentales de la gamification est » Vous allez tous passer! ».
7- Gamifiez vos cours progressivement, la résistance aux changement ne vient pas forcement d’un seul coté, les étudiants peuvent ne pas tous y adhérer.
8- Plus vous êtes passionné par le transfert du savoir, plus vous serez amené à gamifier vos cours.
9- Vous vous rappelez du prof le plus ennuyeux que vous avez eu à subir? Inspirez vous de lui ! ayez un très bon contenu de cours ensuite, faites exactement le contraire de ce qu’il vous faisait.
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