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Un monde disparaît…. un autre se crée. Depuis fort longtemps (comptons en siècles), nos sociétés sont organisées sous des formes pyramidales avec un pouvoir qui croît au fur et à mesure que l’on escalade l’édifice. Une verticalité que l’on retrouve aussi bien dans les entreprises que dans les rapports marchands entre humains. En effet, le professionnel, le commerçant, par son expertise, l’exclusivité d’un produit proposé ou un monopole, domine son client. Il est coutume de dire que ce dernier a toujours raison mais cela ne suffit pas à faire disparaître ce rapport de force même dans une économie de services. Jusqu’ici tout allait bien et cette verticalité tantôt rassurante car ordonnée, tantôt écrasante car non contestée allait connaitre un ébranlement jusque dans ses plus profondes fondations.
Un séisme digital ou «Digital Upheaval»
Un ancien monde hérité des 2 premières révolutions industrielles, et basé sur la production d’un côté et la consommation de l’autre a commencé à vaciller. Les crises économiques successives ont mis à mal ce modèle très uniformisé dans ses standards de production et de consommation. Ici l’humain est travailleur et consommateur. La crise de 2008, dont les effets se font toujours ressentir, a quasiment achevé ce monde en révélant la difficulté pour l’humain de conserver une consommation régulière avec une baisse de ses revenus et une augmentation de ses créances. Dès lors, il va chercher à gagner un peu plus d’argent et consommer autrement grâce au numérique.
L’importance du numérique
L’avènement des réseaux sociaux et des plateformes telles que Priceminisiter ou Ebay a permis d’interconnecter les individus pour échanger des informations mais également vendre et acheter, partager des biens en s’affranchissant des limites de lieu et de temps. Amazon avait ouvert la voie en permettant de commander le livre vu dans une émission littéraire et se le faire livrer 24H plus tard grâce à une simple gymnastique digitale sur son smartphone. Les objets vendus sont les mêmes mais les usages changent car l’heure n’est plus à la contrainte mais à la fluidité en s’affranchissant des sommets établis. L’humain ne veut plus subir mais choisir.
La concurrence et la fluidité et le partage
Ces trois points sont devenus les pendants du nouveau monde. Une mise en concurrence accrue offre un choix grandissant. De la même manière, la fluidité des usages et des services donne cette sensation de se sentir plus libre et de ne plus dépendre du professionnel expert unique défini au début. Le partage, valeur humaine, hautement noble trouve tout son sens dans l’économie numérisée et collaborative. C’est par ces termes, dans un contexte de crise et de faible création d’emploi que les nouveaux acteurs de l’économie numérique vont faire grand bruit. A tel point que l’on va désormais parler d’Uberisation de l’économie.
« Uberisation » le mot est lâché ! Employé pour la première fois par Maurice Levy (CEO de Publicis) dans une interview accordée au Financial Time (http://www.ft.com/cms/s/0/377f7054-81ef-11e4-b9d0-00144feabdc0.html#axzz3zxxI3Nr0), il est aujourd’hui entré dans le langage courant. Il décrit le phénomène par lequel un monopole ou un marché bien établi va être bouleversé par un acteur de l’économie numérique. On parle également de disrupter lorsqu’il s’agit d’une rupture. Pour rappel, Uber une startup californienne valorisée aujourd’hui à hauteur de 51 milliards de dollars alternative/conçurent des taxis a bouleversé le paysage économique bien au-delà du simple transport de personnes. Uber une plateforme d’intermédiations entre des chauffeurs privés et des personnes à travers le monde a réussi, non seulement à prendre des parts de marchés considérables à des sociétés de taxis dans 37 pays et 376 villes mais également à faire prendre le taxi à des personnes qui ne le prenait pas d’habitude (le transport des personnes est un réel problème face à des transports en commun saturés et des taxis parfois difficiles à trouver). Et ce en ne possédant ni véhicule, ni chauffeur. Airbnb de son côté est parvenu à proposer plus de lits (1,5 millions) que les hôtels sans posséder le moindre bien immobilier, le moindre hôtel et ainsi répondre à l’augmentation croissante du nombre de touristes ainsi qu’au désir de visiter un pays de manière immersive (augmentation de 4% en 2015 http://media.unwto.org/press-release/2016-01-18/international-tourist-arrivals-4-reach-record-12-billion-2015).
Un grand nombre de domaines sont aujourd’hui concernés, dont les professions libérales telles que les avocats. (https://www.youtube.com/watch?v=n031ImsMGRc), les médecins et les notaires. Ainsi la verticalité des rapports humains dans les services et dans les entreprises est remise en question par une envie d’horizontalité. L’humain veut vivre autrement.
Vers Une plateformisation de l’emploi ?
A l’heure où le CDI n’est plus le graal et l’entreprenariat en augmentation (http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=41), nous assistons à une volatilité des salariés (un comportement très fort chez les plus jeunes) et un désir d’adapter les activités au numérique. Les emplois liés à l’informatique, la créativité peinent à trouver leur place dans les entreprises. Ils tendent à augmenter avec les besoins d’un nouveau monde qui n’a pas fini de s’étendre. Le management rigide, l’absence de reconnaissance professionnelle poussent ces personnes à vouloir être libres.
« Ni chef/Ni Maitre ? »
Cela résume la situation de la sharing, de la GIG economy et illustre parfaitement le nombre croissants d’indépendants. Chez Uber, les contrats qui lient les chauffeurs à la plateforme sont des contrats de service, ainsi une personne désirant devenir chauffeur VTC voit ses démarches simplifiés par rapport à un taxi (voici les 4 étapes : http://www.chauffeur-uber.fr/devenir-chauffeur-prive-en-4-etapes/). En échange elle doit reverser à Uber 20-25% (25% pour la gamme berline) de commission pour l’intermédiation. Uber a pourtant été condamné le 17 juin 2015 par la commission du travail de l’Etat de Californie suite à la plainte d’un de leur chauffeur. Pour cette instance, Uber n’est pas une simple plateforme et il existe bien un lien de subordination entre Uber et ses chauffeurs car les dirigeants « sont impliqués dans chaque aspect des opérations » et disposent d’un pouvoir de sanction sur le chauffeur (une note basse et le chauffeur peut se voir refuser l’accès à l’application). Une baisse des tarifs pour répondre à la concurrence en France avait provoqué la colère de certains chauffeurs car elle entraînait une perte de revenus. Une autre condamnation de 7,6 millions de dollars a touché la firme californienne (http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/1171034-uber-une-amende-de-7-6-millions-de-dollars-en-californie/). Rappelons que la firme échappe à l’impôt sur les bénéfices (optimisation fiscale) et son modèle économique lui permet de ne pas contribuer aux charges sociales de ses chauffeurs. Un néo salariat obscur qui ne dit pas son nom ? D’autant que le désir du CEO d’Uber est d’acheter l’ensemble des voitures tesla autonomes afin de se passer de chauffeurs.
Un humain délaissé au profit du profit ? Une question qui amène à réfléchir sur le modèle souhaité dans le nouveau monde.
Quel avenir pour le salariat?
L’ancien monde qui suffoque ne peut répondre aux aspirations des personnes salariées et des travailleurs libres ou free-lance car ils sont pluriels et que le modèle social proposé est uniforme. Le choix de l’auto-entrepreneuriat ne peut être la seule réponse à une catégorie de personnes allant du webdesigner à l’architecte en passant par la personne qui cultive des produits bio pour les vendre en circuit court. C’est toute la question car le nombre de ces personnes va aller croissant avec les progrès technologiques et une 4ème révolution industrielle qui pointe le bout de son nez et va très vite. A tel point que la robotisation des process de recrutement est d’actualité et permet un gain de temps et d’efficacité considérable selon cette étude : https://www.glassdoor.com/research/studies/time-to-hire-study/ . Ici l’algorithme remplace l’humain. Ces travailleurs libres qui passent par des plateformes récupèrent peu de la valeur créée. En effet, via la data, les grandes plateformes récupèrent les données des utilisateurs leur permettant ainsi d’ajuster leur service et de récupérer une grande partie de la valeur créée.
Le Syndicat allemand IG Metal a apporté un début de réponse aux travailleurs à la tâche comme ceux de Mechanical Turk. Le syndicat a créé la plateforme http://www.faircrowdwork.org/en/watch permettant aux travailleurs à la tâche de noter à leur tour les plateformes sur les conditions de travail et les rémunérations. Ils peuvent également demander conseil au syndicat et échanger. Le syndicalisme nouveau est arrivé….en Allemagne surtout. En France les syndicats ne sont pas encore passés à la digitalisation.
Dans l’Hexagone, les travailleurs libres désirant être à leur compte sans créer d’entreprises peuvent trouver une réponse au sein d’une CAE, coopératives Activité Emploi. Ce sont des scops très spécifiques comme Coopaname.
Ici vous êtes un entrepreneur/salarié : Vous signez un CDI au sein de la structure et restez autonome tout en ayant une couverture sociale. On peut donc tester et développer son activité dans un nouveau cadre légal en minimisant les risques. Nous sommes certainement en présence de l’une des structures du nouveau monde, repensée et adaptée à l’humain en mutation.
Le CDI va-t-il mourir ? Toutes les personnes sont-elles prêtes à muter ? Les Robots prendront le pouvoir ? (question subsidiaire : qui détruira Skynet ?)
Autant de questions auxquelles je vous invite à répondre !
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